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Origine du nom Chaumousey

Les vestiges antérieurs au christianisme rencontrés sur le territoire communal indiquent sans le moindre doute une base de vie très ancienne à Chaumousey. Cependant, il faut attendre 1090 et la création de l’abbaye pour voir apparaître la première forme écrite de Chaumousey, Calmosiacum. La chronique de Séhère nous révèle d’ailleurs plusieurs orthographes Calmosiacus, Calmosiacensis, Calmoseis, qui laissent libre cours à toutes les hypothèses de signification. Devons–nous être sages comme Arsène Thévenot, dans sa notice sur Chaumousey, qui, faute de certitudes, refuse de se hasarder à la moindre opinion ou, au contraire, devons–nous, comme d’autres, nous lancer dans une réflexion sensée afin de lever les zones d’ombre? Le champ des hypothèses est infini, mais des indices historiques peuvent nous mettre sur la piste.

Tout d’abord, divers actes, lettres, bulles conservés aux archives nous révèlent les orthographes suivants:

  • Chamosei (1209);
  • Calmosiaco, Calmosiacensi, Calmosiacensem (1220);
  • Chamousei–la–Ville (1403);
  • Chaulmoisier (1583);
  • Chalmozey, Chaumouzey (1676);
  • Chaumousey–la–Ville (1682);
  • Chalmozey (1762).

Nous sommes tous d’accord pour retenir les formes latines comme base de recherche puisque ce sont les ecclésiastiques qui véhiculaient savoir et écriture. Monsieur Rorher, curé de Chaumousey de 1879 à 1896, qui nous a laissé un très fort témoignage de la catastrophe de Bouzey, voit dans ces formes les racines latines calamus, roseau et mons, montagne, ou encore musa, chant, ce qui donne montagne de roseaux ou chant des roseaux. Il avance même une possible racine grecque kalamoseior, chant de la forêt. Une influence germanique nous semblerait plus appropriée, vu la proximité, aussi nous abandonnons cette hypothèse ainsi que toutes celles fondées sur le chant peu plausibles pour un nom de lieu.

Marcel Maffeïs (la femme à barbe, une femme de chez nous) propose calmocidium, champ de chaumes qu’il traduit soit en pays de collines dénudées (chaumes, couramment usités dans les Hautes–Vosges), soit en terre de céréales (chaumes). La seconde idée est séduisante quand on sait que nombre de village sont issus de villae gallo–romaines mais faute de sources indiquant cette forme latine, il ne semble pas possible de retenir ces hypothèses.

Le chanoine Michel (Chaumousey à travers les âges) propose une idée nouvelle jusqu’à présent, l’appartenance. Pour cela, il fonde son hypothèse sur le fait que les terminaisons en y ou ey de nombreux villages étaient formulées iacus ou iacum et signifient pays. Ces suffixes ajoutés à un nom de lieu ou de personne donnent ainsi un sens de propriété ou d’appartenance. Il continue sa démonstration en remontant à l’époque des pagi, et notamment à celle du calvomontensis pagus, le Chaumontois qui comprenait une portion considérable de la Lorraine, les Vosges, avec les comtés de Blâmont et de Salm, le Saintois, et s’étendait jusqu’à l’embouchure de la Meurthe dans la Moselle à Frouard. Ce pagus ne comprenait pas de villes importantes, tout juste quelques bourgades et des établissements agricoles (d'anciennes villae). En latin Chaumontois se traduit par calvi montes, les collines chauves ou dénudées. Ici, Marcel Mafféïs rejoint Le chanoine Michel qui conclut que "Chaumousey serait le pays du Chaumontois à moins que Chaumont ou Calmon, d’où Calmosiacensis, soit le nom du propriétaire du lieu". Nous voilà à nouveau à la case départ.

A. Laumond (Annales de la Société d’Émulation du département des Vosges – hors série 1998 et Annales 2000) considère que Chaumousey est formé, comme les villages voisins de Sanchey, Uxegney et Bocquegney, du suffixe acum associé à un nom de personne roman, tandis que le suffixe iacum, des villages de Fomerey, Gigney et Gorhey, est associé à un nom de personne germanique sans plus de précision.

Dans la chronique de Séhère, Que lit–on? Theodorico (Thierry), seigneur de Chaumousey, sur les conseils de sa femme Hadwide, donne sa terre et alleux de Chaumousey aux religieux pour la création de l’abbaye. Il n’y est pas fait mention d’un quelconque Calmon. On y lit également que Josselin, le frère de Thierry après la mort de ce dernier, convoite les terres données à Séhère et ses compagnons. À Relanges, auprès de sa femme Hadvide, de ses fils Thonnor et Thierry, quelques années plus tard, moyennant quelque somme d’argent, Josselin renonce à son prétendu héritage. Dans le cartulaire, que trouve–t–on? On apprend que l’église paroissiale de Chaumousey fondée en l’honneur de Sainte–Marie existe avant la création de l’abbaye. De ces deux documents, on retient que, avant 1109, Helvide de Calvomonte (Chaumontois) veuve (de qui?), souvent citée à la suite de Thierry et Hadwide, et ses fils, dont Richard, avoué de Darnieulles, donnent à l’abbaye la moitié de leur terre et alleux de Buzei (Bouzey) jouxtant le monastère qu’Helvide possède de son propre patrimoine. Alexandre Laumond (Annales de la Société d’Émulation du département des Vosges 2000) nous rappelle que Richard conteste les donations qui dotèrent l’abbaye de son patrimoine foncier originel, à savoir l’alleu de Chaumousey et celui de Bouzey. Ces alleux avaient été obtenus par échanges, par les pères respectifs de Thierry et Helvide, probablement de la même famille. Ce sont ces deux échanges que conteste Richard. Ces informations semblent nous conduire à nouveau sur la piste du pays du Chaumontois et les hypothèses formulées par le chanoine Michel semblent devenir tout à coup les plus plausibles, tout du moins, les moins farfelues.