reservoir_panorama

LE CANAL DE L’EST ET LE RÉSERVOIR DE BOUZEY

La naissance du canal de l’Est

Après l’annexion par l’Allemagne de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine en 1871, les voies navigables entre le bassin du Rhône, l’Alsace, reliés par le Canal du Rhône au Rhin, et le Canal de la Marne au Rhin n’étaient plus utilisables du fait du changement de frontières. Le Canal de l’Est, reliant la Saône à la Moselle en rejoignant à Toul le Canal de la Marne au Rhin, voyait donc le jour. Ce canal traverse les monts Faucilles, par l’intermédiaire de 37 écluses côté Saône et 34 côté Moselle rien que pour le département des Vosges, ce qui lui coûte une grande quantité d’eau. Il y a notamment pas moins de 15 écluses de Chaumousey à Golbey permettant ainsi au canal de s’élever de 45 mètres en moins de 3 km. Il traverse la commune de Chaumousey d’est en ouest sur un parcours d’environ 4km en passant au nord du village parallèlement au C.D. 460, à une distance souvent inférieure à 50m de la rue principale.

Le profil normal de ce canal présente une largeur de 10m au plafond, à 2.2m en contrebas de la retenue normale. Ses talus sont inclinés à 3 de base pour 2 de hauteur. Une banquette de 0.5m est aménagée de chaque côté au niveau de la retenue. Le chemin de halage, qui est la règle de traction, a 4m de largeur en couronne et le chemin de contre–halage 3 à 4m. L’un et l’autre sont arasés à 0.7m au–dessus du plan d’eau.

Sa réalisation dura de 1873, début du projet, à 1880, fin de la construction. C’est le bief de partage dont le projet est approuvé le 24 août 1875 et dont l’origine se situe à Bois–l’Abbé et la fin à Girancourt, qui traverse la commune de Chaumousey. Celle–ci eu d’ailleurs recours à la Justice pour régler un différend avec l’entrepreneur Febvay qui avait bâti une barraque à une distance prohibée de la forêt communale malgré le refus d’un permis de construire. Le 20 juillet 1878, le tribunal correctionnel d’Épinal condamna donc l’entrepreneur Febvay à 50 francs d’amende et ordonna la démolition de cette baraque en bois qui servait à abriter et loger les ouvriers employés par lui à la construction du canal de l’Est. Ce dernier fut livré à la circulation le 25 novembre 1882, à titre d’essai, avec un mouillage provisoire de 1,70 m.

Photo La Dec

Le Canal de l’Est slalomant entre les maisons de Chaumousey.

Sur la commune, il fut créé pas moins de 4 ponts et 1 tunnel pour piétons sous le canal afin de permettre l’accès à l’un ou l’autre côté de celui–ci. Il fut également érigé de solides murs pour retenir ses berges lorsqu’il s’approche trop près des maisons.

Photo La Dec

entrée sud du tunnel pour piétons.

Les débuts difficiles du réservoir de Bouzey

Photo La Dec

Réservoir de Bouzey.

L’idée majeure de ce projet de construction, fut de barrer la vallée de l’Avière pour former réservoir lui–même alimenté par une rigole longue de 44 km qui capterait les eaux de la Moselle près de Remiremont, rigole opérationnelle le 4 décembre 1883.

D’importants et laborieux travaux de sondage furent menés en 1875 dans la vallée de l’Avière au–dessus de Bouzey afin de trouver à quelle profondeur on allait rencontrer un rocher imperméable et sans fissures appréciables. Les travaux pour le troisième lot du bief de partage et la digue de Bouzey furent adjugés le 17 mars 1876 et le projet définitif des travaux de la digue approuvé par l’Inspecteur général le 09 décembre suivant après un ajournement causé par une pénurie de main d’oeuvre employée à la construction des forts de la place d’Épinal prioritaire. L’ordre de service général pour l’exécution du lot fut produit le 16 février 1877 et approuvé le 21. L’entreprise Mayoux et Defruides d’Épinal érigea donc un colossal barrage en maçonnerie sur deux ans, de 1878 à 1879. Ce barrage était rectiligne, long de 432m à l’air libre et 520m avec les ouvrages souterrains, haut de 22m, large à la base de 14,8m et de 4m en couronne.

Il devait initialement être capable de retenir 7 millions de m3 mais le projet admis auparavant faisait état d’un arasement provisoire à 2m en contrebas du niveau définitif portant ainsi la capacité du réservoir à 4.7 millions de m3. Malgré que les sondages avaient montré:

  • de nombreuses et profondes fissures dans la masse rocheuse;
  • que le rocher compact était par endroit à une plus grande profondeur que celle estimée;

et avait nécessité en autre chose qu’un mur de garde bien plus conséquent soit réalisé, l’exhaussement immédiat est proposé par les Ponts et Chaussées en 1880 car:

  • l’épaisseur du massif de fondation avait été calculé pour;
  • en démobilisant une entreprise de l’envergure de celle réalisant les travaux et son matériel perfectionné, cela risquait ensuite d’apporter des conditions beaucoup moins favorables.

Le 15 mars 1884, pendant la mise en eau de la retenue, alors que celle–ci n’était encore que de 4.7 millions de m3 (cote 368.80), de nombreux désordres apparurent : fissures dans l’ouvrage et infiltrations dans le sol naturel en aval libérant jusqu’à 250 litres à la seconde ainsi que flèche de l’ouvrage de l’ordre de 34cm sur une longueur de 120 m environ. La digue avait subi une translation horizontale, mouvement qualifié de grave par l’ingénieur en chef Denys en poste à l’époque. Un premier sondage en aval du barrage, en 1885, montra que les fissures verticales se prolongeaient jusqu’au fond en s’agrandissant et que les eaux s’infiltraient sous l’ouvrage en corrodant le terrain de fondation au point d’avoir créer des excavations allant jusqu’à un demi–mètre. Sur décision ministérielle du 10 décembre 1886, le réservoir fut mis à sec. L’étendue des avaries qui apparurent alors était telle qu’il n’était plus possible de remettre le réservoir en eau avant de les avoir réparées. Un projet de consolidation fut présenté le 30 juin 1888 et approuvé le 12 juillet suivant. Les travaux de renforcement du barrage furent réalisés jusqu’en novembre 1889 par l’entrepreneur Péquard d’Épinal. Ils consistèrent:

  • en amont, sur la partie infléchie uniquement, au remplissage des fissures au moyen de ciment à prise lente et en l’exécution d’un solin en maçonnerie ordinaire afin de fermer les fissures horizontales au voisinage du mur de garde puis recouvert d’un massif en argile corroyé arasé 3.5m au dessus des fissures avec une crête de 3m et dont le talus faisait un angle de 45°;
  • en aval, en l’exécution d’un fort sommier en contrebas de la limite supérieure du rocher sur la partie infléchie de la digue avec prolongement de près de 26m côté Sanchey et de 97m côté Chaumousey, d’une hauteur de 6m environ, de 4m de base maximum et d’un massif de butée appuyé sur le rocher.

Les travaux cessèrent en octobre 1889.
Dès lors le réservoir fut rempli jusqu’à 50 cm sous la retenue normale et la digue ne subit plus, d’après l’Administration, de déformation nouvelle.

Extrait de "Chaumousey à travers les âges" – Chanoine Michel

Extrait de la revue du Magasin pittoresque de 1895

La catastrophe de Bouzey

Le 27 avril 1895, à 5h15, une énorme déflagration retentit et les 7 millions de m3 s’engouffrèrent dans la brèche qui venait de s’ouvrir, s’écoulant en 10 minutes à peine. Le canal tout proche résista quelques instants à la charge des flots en formant un second barrage puis céda à son tour. Dès lors plus rien ne put retenir le déferlement des eaux du réservoir qui dévastèrent l’ensemble de la vallée de l’Avière en deux heures de temps.

Le hameau de Bouzey n’existait plus, la pisciculture neuve installée sous le barrage fut détruite et, sur son parcours, l’eau fit 87 victimes, dont 27 rien que pour la paroisse calmosienne, et d’importants dégâts.

Quelques unes de l’époque.

Site Internet de la médiathèque Valais–Martigny

La médiathèque Valais–Martigny en Suisse a mis en ligne des photographies de Mathieu Feltin prises en avril 1895. Pour les voir, il vous suffit de cliquer sur le bouton ci–contre:

Extrait de l’Immeuble et la Construction dans l’Est

Le 05 mai 1895, les journalistes de l’Immeuble et la Construction dans l’Est, dans le n°1 de la dixième année du magazine, présentent des articles sur la catastrophe de Bouzey empreints d’une forte émotion, révélateurs du climat d’insécurité que donnait la digue avant sa rupture, enfin très critiques à l’encontre des ingénieurs des Ponts et Chaussées. Ce document, qui a largement été repris dans l’ouvrage de Michel Drouot, Bouzey la catastrophe 27 avril, 5h.15, paru en 1990, est issu de BnF/Gallica où il est entièrement consultable. En cliquant sur le bouton de droite, vous pourrez en consulter l’extrait sur la catastrophe :

Ci–dessous la liste des 27 victimes directes de la catastrophe sur la paroisse calmosienne:

  • Auguste Briot, né à Dommartin–aux–Bois, âgé de 36 ans, maçon domicilié au Roulon, commune d’Uzemain, retrouvé aux Grandes Fouillies;
  • Marie Madeleine Thiriat veuve Husson, née à Sanchey, âgée de 68 ans, domiciliée à Chaumousey, retrouvée aux Grandes Fouillies, au port de Bouzey;
  • Marie Augustine Husson épouse Monnet, née à Sanchey, âgée de 27 ans, domiciliée à Chaumousey, retrouvée aux Grandes Fouillies;
  • Marie Louise Monnet, née à Épinal, âgée de 2 ans, domiciliée à Chaumousey, décédée à Bouzey;
  • Marie Anna Léontine Claudon, née et domiciliée à Chaumousey, âgée de 12 ans, retrouvée aux Grandes Fouillies à plusieurs mètres de haut entre deux arbres;
  • Marie Laure Claudon, née et domiciliée à Chaumousey, âgée de 11 ans, retrouvée aux Grandes Fouillies;
  • Lucien Jean Baptiste Claudon, né et domicilié à Chaumousey, âgée de 9 ans, décédé près de l’Avière au moulin Cossin à Uxegney, étendu sur des sacs de blé dans le grenier d’un logement;
  • Albert Claudon, né à Girancourt, âgé de 7 ans, domiciliée à Chaumousey, retrouvé aux Grandes Fouillies;
  • Clémence Lucie Claudon, née et domiciliée à Chaumousey, âgée de 5 ans, retrouvée aux Grandes Fouillies;
  • Marie Marthe Lucie Honoré, née et domiciliée à Chaumousey, âgée de 17 ans, retrouvée aux Grandes Fouillies, à la lisière du bois proche de la colonne des fontaines de Darnieulles;
  • Yvonne Juliette Cécile Lavaux, née et domiciliée à Chaumousey, âgée de 4 mois, retrouvée aux Grandes Rayes sur les berges du canal;
  • Raoul Lavaux, né et domicilié à Chaumousey, âgé de 2 ans, retrouvé aux Grandes Fouillies;
  • Marie Angélique Craplet épouse Lavaux, née à Passavant (70), âgée de 25 ans, domiciliée à Chaumousey, retrouvée aux Grandes Rayes;
  • Paul Jules lavaux, né à Fontaine–les–Luxeuil (70), âgé de 32 ans, commis des Ponts et Chaussées chargé du bureau de la pisciculture domicilié à Chaumousey, retrouvé aux Grandes Fouillies;
  • Angélique Fremy épouse Lavaux, née à Selles (70), âgée de 72 ans, domiciliée à La Rochère, commune de Passavant (70), retrouvée aux Grandes Fouillies;
  • Marie Émilie Boetsch veuve Seyssert, née à Saint–Louis (68), âgée de 52 ans, employée de la pisciculture domiciliée à Chaumousey, retrouvée aux Grandes Fouillies;
  • Jean Boetsch, âgé de 81 ans, domicilié à Chaumousey, retrouvé le 05 mai 1895 au lieudit derrière le village à Uxegney, derrière le mur du jardin de la maison d’école;
  • Marie Eudoxie Rouhier épouse Noël, née et domiciliée à Sanchey, cultivatrice domiciliée à Sanchey;
  • Paul Auguste Gaston Noël, né et domicilié à Sanchey, âgé de 1 an;
  • Charles Gabriel Lassausse, né à Remiremont, âgé de 61 ans, aubergiste domicilié à Sanchey;
  • François Arnould, né à Uriménil, âgé de 53 ans, manoeuvre domicilié à Sanchey;
  • Marie Julie Constance Crolet épouse Saunier, née et domiciliée à Sanchey, âgée de 28 ans;
  • Marie Julia Appoline Saunier, née et domiciliée à Sanchey, âgée de 4 ans;
  • Joseph Cornement, né à Uxegney, âgé de 54 ans, aubergiste domicilié à Sanchey, retrouvé dans son lit dans les décombres de sa maison;
  • Joséphine Ernestine Cornement, née et domiciliée à Sanchey, âgée de 14 ans, retrouvée au fond d’une carrière abandonnée près de la cave annexe de la féculerie Gérard Georges;
  • Marie Joséphine Honoré épouse Cornement, née et domiciliée à Sanchey, âgée de 41 ans, retrouvée au lieudit Champ de Giropré à Frizon le 04 mai 1895;
  • Lucie Voirin, née à Paris (75), âgée de 26 ans, domestique domiciliée à Sanchey, retrouvée dans une mare en avant du pont sous lequel passe l’Avière au lieudit Pré du Moulin à Sanchey le 14 mai 1895.

Sitôt la catastrophe survenue, le Comité central d’hygiène publique des Vosges, afin de sauvegarder la santé publique, conseilla de prendre diverses mesures concernant notamment:

  • L’enfouissement des cadavres des animaux:
    Celui–ci fut traité sous la surveillance du Vétérinaire départemental, avec le concours de la troupe qui creusa rapidement, de préférence à l’écart de sources ou de puits, de grandes fosses dans lesquelles les cadavres des animaux étaient entassés entre des couches de chaux vive;

Collection privée

Soldats du 149e et du 152e enterrant les animaux morts à Bouzey.

  • Les puits:
    L’usage de ceux souillés fut interdit pour la boisson jusqu’à nouvel ordre. Ils devaient faire l’objet d’un curage systématique accompagné d’une réparation de leur paroi afin de supprimer la moindre boue qui aurait pu en imprégner les joints;

  • Les maisons:
    Si beaucoup de maisons furent détruites, celles restées debout étaient devenues inhabitables. Imprégnées d’humidité et de boues, elles nécessitaient un lavage complet, une ventilation pour un séchage efficace et un badigeonnage des murs, des planchers et des sols au lait de chaux lié à du sulfate de fer ou du vitriol vert. Les meubles devaient être démontés et nettoyés;

  • Les boues, immondices et décombres:
    En se retirant les eaux laissèrent des débris en tout genre, qui, mélangés à de la paille, du foin, du fumier et des branches d’arbres, aux cadavres d’animaux, imposaient un retrait rapide notamment à cause de l’odeur très désagréable qu’ils répandaient. Ils furent mis en tas, imprégnés de goudron et brûlés non sans avoir fait l’objet auparavant d’un tri afin de conserver tout ce qui pouvait encore être utilisé. Le lit de l’Avière fut dégagé des arbres qui en jonchaient les rives, les terrains asséchés et les chemins réparés toujours avec l’aide de la troupe et celle des cantonniers du département. Les boues extraites furent répandues sur des terrains légèrement pentés et saupoudrées de chaux vive. Celles qui recouvraient les champs furent enfouies à la charrue ou ensemencées d’avoine, céréale à croissance rapide qui fit rapidement disparaître les traces de la catastrophe sur les prairies. L’emprise du réservoir qui ne fut pas formée exclusivement de sable fin ou de pierres, fut également ensemencée.

Collection privée

Divers décombres au pied de la digue de Bouzey.

La première reconstruction du barrage

Un projet d’exécution de travaux de reconstruction partielle du barrage de Bouzey pour une retenue de 1500000 m3 fut présenté le 26 avril 1899 et approuvé par décision ministérielle du 03 novembre 1899. Les travaux de reconstitution partielle comprenaient:

  • Les démolitions de maçonneries, terrassements et corrois nécessaires pour préparer l’assiette des maçonneries nouvelles et aménager les abords de la digue;
  • L’exécution des maçonneries de la digue à réédifier partiellement, avec déversoir de superficie et bassin de réunion des eaux;
  • La réfection des têtes des puisards aval, de l’extrémité du canal de fuite du déversoir et de la partie aval de la décharge de fond;
  • Le prolongement de la descente d’eau de la rigole d’alimentaion;
  • La construction de passerelles;
  • Des perrés, enrochements et travaux divers.

La longueur totale de la digue à réédifier fut de 213 m environ. La plateforme fut limitée à l’amont et à l’aval par des parapets, le parement d’amont étant vertical et celui d’aval profilé suivant trois arcs de cercles tangents. Des escaliers partirent de la plateforme nouvelle pour accéder, soit à la plateforme des parties conservées de la digue primitive, soit en aval. Le déversoir, construit en amont de la digue, était prévu pour évacuer ses eaux par deux voûtes percées à travers les maçonneries conservées, séparées par une pile et suivies du bassin de réception des eaux. Les passerelles sur le canal de fuite et sur la rigole d’évacuation des eaux des puisards furent fermées de culées en maçonnerie et de tabliers en charpente.

L’adjudication des travaux se déroula le 3 mars 1900 et fut donner après tirage au sort à MM. Tschupp et Brueder entrepreneur d’Épinal. Les travaux de démolition des maçonneries existantes et la réalisation d’un nouveau déversoir furent menés durant l’année 1900. Les maçonneries de la nouvelle retenue furent exécutées au printemps et à l’été 1901. Les matériaux étaient amenés par bateaux depuis la carrière de la Colosse aux Voivres et déchargé par un transbordeur aérien de 1700m de long reliant le canal à la digue. Le réservoir fut mis en charge en mars 1902.

Une usine de pompage des eaux de la Moselle fut également ajoutée à Golbey. Opérationnelle en juillet 1904, les eaux qu’elle élevait derrière le quartier de la Madeleine, étaient déversées via une rigole longue de 3 km dans le canal à Bois l’Abbé. Cette usine fut vite décriée par les industriels de la vallée de la Moselle qui souffraient de la baisse importante du niveau de la rivière alors génératrice d’énergie.

Conservatoire régional de l’image – Nancy

Reconstruction sur la ligne de faille en 1900 et 1901.

Le conservatoire régional de l’image de Nancy a mis en ligne les photographies de la catastrophe de Bouzey et de la reconstruction de 1900 et 1901 issues de la collection de photographies de Victor Riston. Vous pouvez les découvrir en cliquant sur les diapositives ci–dessous:

 
 

La seconde reconstruction du barrage

En 1922, l’État décida la reconstruction du barrage à sa cote initiale de 371.50 m. Deux projets furent présentés le 07 mars 1924. Le premier prévoyait la création d’une digue en enrochements d’un coût estimé à 6500000 francs, le second la création d’une digue mixte en enrochements et terre corroyée dont le coût est estimé à 8250000 francs. Mais, par manque de crédits, les travaux ne débutèrent qu’en 1930 et se terminèrent avec une remise en eau en 1939, pour former la « digue » que nous connaissons aujourd’hui. Le terme exact est en réalité « barrage–poids ». La Société d’Entreprises Générales et de Travaux Publics de l’Est basée à Épinal, devint adjudicataire en juillet 1930 du projet de rétablissement de la retenue du réservoir de Bouzey à la cote 371m50 pour 10 800 000 francs moins 7% de rabais. L’usine élévatrice de Golbey cessa son activité en 1937.

collection privée

Mise en place d’une couche de béton étanche pour égaliser la surface du parement amont en 1938.

La nouvelle digue mesure 6 m à la crête, 46 m au niveau du terrain naturel, selon une inclinaison de 45° au niveau du parement amont. La hauteur au–dessus des fondations mesure 23.40 m pour une arase supérieure à la cote 372.75 m et une longueur en crête de 520 m.

Le corps du barrage atteint 221 560 m3 comprenant 66 000 m3 de maçonnerie, 1 960 m3 de béton et 153 600 m3 d’enrochement.

Depuis, ce géant de pierre que représente la digue de Bouzey fait l’objet de toutes les attentions. Il est ausculté tous les 10 ans par des experts de l’office national de surveillance des barrages, et régulièrement Voies Navigables de France vérifient l’axe et la hauteur de l’édifice. De quoi être rassuré.

Extrait de "Chaumousey à travers les âges" – Chanoine Michel

Barrage–poids actuel.

Photo La Dec

Rappelons que lors de ces plus beaux jours, le canal a accueilli un trafic de 803000 tonnes en 1913 (record actuel) et 757000 tonnes en 1933, alors qu’initialement il n’était prévu que pour 400000 tonnes par an. En 1929, sur 570000 tonnes de marchandises, les expéditions étaient très faibles en comparaison des arrivages, essentiellement caractérisés par des débarquements de charbon, et 49p. 100 du trafic était donné par les marchandises transitant de la Moselle à la Saône en presque totalité. En 1978 et 1979, le tonnage respectif était de 387000 et 395000 tonnes ce qui restait dans la moyenne prévue.

Quelques fichiers pdf sur le réservoir :

Extrait de Les Irrigations – tome 1er – Les eaux d’irrigation et les machines par A. Ronna 1888

(document BnF/Gallica) 289 ko
Cliquez sur le lien ci–contre pour ouvrir le document sinon faites un clic droit sur le bouton pour enregistrer le document sur votre ordinateur.

Extrait de Le magasin pittoresque – La catastrophe de Bouzey

(document BnF/Gallica) 204 ko
Cliquez sur le lien ci–contre pour ouvrir le document sinon faites un clic droit sur le bouton pour enregistrer le document sur votre ordinateur.

Extrait des Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des Sciences janvier/juin 1925 tome 180

(document BnF/Gallica) 140 ko
Cliquez sur le lien ci–contre pour ouvrir le document sinon faites un clic droit sur le bouton pour enregistrer le document sur votre ordinateur.

Étude piscicole du lac de Bouzey 1990

369 ko
Cliquez sur le lien ci–contre pour ouvrir le document sinon faites un clic droit sur le bouton pour enregistrer le document sur votre ordinateur.

Sources:

  • L’Immeuble et la construction dans l’Est, BnF/Gallica;
  • Délibérations du Conseil général des Vosges, BnF/Gallica;
  • registres communaux de Chaumousey et Sanchey;
  • Revue d’hygiène et de police sanitaire n°17 – 1895, BnF/Gallica;
  • Bouzey la Catastrophe 27 avril, 5h.15, Michel Drouot, 1990.