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Le Miracle de Chaumousey

Il y a fort longtemps, un comte, Noddo, avait été chargé par le Clergé de transporter de Bourgogne jusqu’à Metz les reliques de Saint–Arnoul, évêque de cette ville mort vers 640, ancêtre de Charlemagne par son petit–fils, Pépin de Herstal. Ce comte, en entrant dans Chaumousey alors que la journée était très avancée, décida de s’arrêter à l’auberge du pays. Le Saint, qui, de son vivant, avait maintes fois réprimandés sans succès l’aubergiste qui répondait au doux nom de Cunite et qui avait la fâcheuse réputation d’être impudique, refusa, mort, de pénétrer dans l’établissement. Les jambes de ses porteurs, à peine le mur d’enceinte franchi, furent plantées en terre.

La nuit toute proche rendait le trajet périlleux vers la prochaine auberge éloignée de trente lieux, mais devant l’obstination de Saint-Arnoul à ne pas vouloir entrer chez Cunite, le comte Noddo, résigné, donna l’ordre à sa troupe affamée et assoiffée de reprendre la route.

Aussitôt le Saint libéra ses porteurs de la fange qui les retenait prisonniers en la changeant en sable fin. Cette délivrance donna du baume au coeur à son escorte pendant quelques lieues mais la faim et la soif reprirent vite le dessus et le mécontentement des hommes devint d’autant plus grand.

Saint–Arnoul fit alors un nouveau miracle. Il transforma le reste d’eau se trouvant au fond des outres en bière, car celle–ci réhydrate son homme tout en le nourrissant.

Chaumousey aurait dû devenir un haut lieu de pèlerinage au même titre que la Colline Inspirée de Sion ou Domrémy, mais il n’en fut rien, car Nancy, capitale de Lorraine s’attribuant souvent le mérite de ce qui est lorrain, s’accapara donc le miracle de Saint-Arnoul pour de viles raisons d’argent, très profitables aux brasseries de sa banlieue.

(D’après A. Mafféis)