Les mardelles gauloises
Il s’agit de mares factices en assez grande quantité d’origine gauloise, situées principalement au nord–ouest de la commune, aux bois de Trusey, de la Voivre et au lieu–dit l’Enfer. Leur existence est connue depuis longtemps par les historiens du département puisque Henri Ganier en fait déjà part dans l’ouvrage Le Département des Vosges – Tome IV comme suit :
« Chaumousey. – Les forêts du territoire de Chaumousey renferment plusieurs tumuli, mares et mardelles des stations gauloises préromaines, les fouilles ont donné des résultats fort intéressants et ont enrichi de nombreux spécimens le musée d’Épinal. C’est surtout la forêt de Trusey qui cache les tumuli les plus considérables, fouilles faites par M. Voulot. »
Ce sont des mares de forme circulaire ou ovoïde d’environ 5 à 10 mètres de diamètre, parfois doubles et reliées entre elles par une rigole. Leur profondeur peut aller jusqu’à quelques mètres.
Selon Michel Drouot (Nomexy chronique d'un village), « ces excavations [...] ne sont rien d’autre que l’emplacement des huttes, entourées, lors de la présence des Leuques, de pieux de bois, tressés de branchages et recouvertes d’un toit ». Henri Ganier voient également dans ces mardelles des « vestiges d’habitations et de stations gauloises préromaines ».
Cependant, malgré la présence de ces nombreuses mares (plus d’une vingtaine), que Ganier appelle la cité des vivants, le territoire communal ne possède que deux tumuli, qu’il nomme la cité des morts. Bien que ce dernier considère que ces deux cités doivent être séparée l’une de l’autre, on ne peut que constater que les tombes calmosiennes sont implantées au beau milieu des mardelles.
Ces groupes de mares factices ne sont pas une spécificité de notre commune, on en rencontre un peu partout dans les Vosges suivant une zone orientée sud–ouest nord–est faisant suite aux mardelles de Haute–Marne. Ainsi, elles sont présentes dans les cantons de Lamarche, Monthureux–sur–Saône (à Bleurville ...), Darney (à Attigny, Belrupt, Bonvillet ...), Vittel (à Valfroicourt ...), Bulgnéville (à Bulgnéville, Mandres–sur–Vair, Médonville, Vaudoncourt ...), Châtenois (à Sandaucourt ...), Mirecourt (à Ambacourt ...), Dompaire, Epinal (à Chaumousey, Gorhey, Renauvoid ...), Charmes, Bruyères (à Bult, Padoux ...), Châtel (à Frizon, Moriville, Nomexy ...) et Rambervillers (à Romont, Vomécourt, Doncières et Ménarmont ...). Leur existence dépasse d’ailleurs le pays des Leuques. Plus de 5000 mardelles ont été recensées dans le pays des Médiomatrices. Il en existe en fait un peu partout en Gaule belgique, dans des endroits où les travaux de l’agriculture ne les ont pas nivelées.
Elles se rencontrent uniquement sur des terrains non gréseux, propices à l’utilisation de l’argile, principal composant de l’étanchéité de ces habitats. En effet plusieurs fouilles réalisées fin XIX et début du XXe siècle en Moselle et en Allemagne notamment, ont mis en évidence une technique de construction commune à toutes ces huttes. Le sol de la partie souterraine est composé d’une épaisse couche de tourbe et d’argile, ce qui en a transformé un grand nombre en mare aujourd’hui. On y trouve tout d'abord une ou plusieurs couches d’argile recouvrant le sol naturel, puis une couche de tourbe formé par des feuilles, de la paille et de menus branchages, enfin, à nouveau une ou plusieurs couches d’argile. La partie supérieure de la hutte est dépourvue de murs. Directement au dessus de l’excavation, on trouve les poutraisons et leur étanchéité. De robustes troncs d’arbres dont la naissance des branches est intelligemment conservée soutiennent d’autres troncs de moindre grosseur disposés de manière à former un cône plus ou moins régulier. Une quantité de branchages de moindre importance est croisée sur ces derniers. Le tout est recouvert de feuillages et de couches d’argile dont la quantité peut varier selon le nombre de réparations de l’enduit soumis à la rudesse du climat. Sans doute ces huttes n’ont pour toutes ouvertures qu’une porte et une ouverture dans le toit pour évacuer les fumées.
